Un gars, une fille

(et toute une nation qui n’y croyait plus)

Cette édition 2021 de Roland Garros est à marquer d’une pierre blanche (et bleue). Non seulement Stéfanos Tsitsipás a atteint la finale mais sa compatriote Maria Sakkari est, quant à elle, arrivée en demi-finale du tournoi*. Une première des deux côtés.  

« Un moment fantastique pour le tennis grec » dira-t-elle en conférence de presse. C’est peu dire ! Car précédemment, la Grèce s’était plutôt illustrée par son absence dans les tournois du Grand Chelem. 

Oui, il y a bien eu Pete Sampras, ce « grec d’Amérique » et le colérique Marcos Baghdatis né à Chypre d’une mère grecque… Mais on doit l’avouer, les résultats n’étaient pas glorieux pour une nation qui s’est tant de fois illustrée dans les sports d’équipe. 

Pourtant, tout avait bien commencé. À l’occasion des premiers Jeux Olympiques de 1896, est construit à Athènes l’un des tous premiers clubs de tennis au monde, L’Athens Lawn Tennis Club. Mais rapidement, les espoirs d’en faire un centre de formation pour jeunes sportifs laissent la place à un lieu de rassemblement pour riches expatriés. Un petit sursaut s’observe dans les années 1980 avec la création du tournoi ATP d’Athènes sur terre battue, en 1986. Mais dès 1990, les organisateurs renoncent au tournoi féminin… avant de renoncer tout court en 1994. Depuis, c’est la dégringolade. Une fédération corrompue, discréditée, portée un président magouilleur et une totale incapacité à faire émerger des talents. 

Jusqu’à l’arrivée de nos deux cracks.

Comment explique-t-on leur ascension ? Il semble malheureusement que la réponse se trouve plus du côté de leur parcours individuels que celui d’une politique nationale efficace. D’un côté Tsitsipas est le fils d’une joueuse de tennis pro d’origine russe, qui a converti son Grec de mari au sport avant d’emmener, à deux, le petit Stefanos sur les cours dès l’âge de trois ans. De l’autre, Maria est la fille d’Angelikí Kanellopoúlou, ancienne pro et 43ème au classement WTA en 1987, à la grande époque de la création du tournoi d’Athènes justement. Elle-même étant la fille de Dimítrios Kanellopoúlos, joueur de tennis professionnel au parcours moins flamboyant. Peu dire que ces deux là sont dotés d’un patrimoine sportif qui jouait sacrément en leur faveur. 

Mais qu’importe ! La Grèce capitalise désormais sur leurs stars qui ouvrent la voie à toute une génération, à commencer par Pétros, le petit frère de Stéfanos de 20 ans, actuellement numéro 920 mondial. Rendez-vous pour les JO de Tokyo ou nous retrouverons Maria et Stefanos, en double mixte, s’il vous plait !

VOIR TOUS LES ARTICLES