Non c’est non !

Χρόνια πολλά!  Le 28 octobre dernier, la Grèce a célébré l’une de ses deux fêtes nationales : le jour du non ! (το όχι). 

Petit retour en arrière : Nous sommes en octobre 1940, toute l’Europe centrale est entrée en guerre. La Grèce est une dictature et à sa tête se trouve le militaire Ioánnis Metaxás. À quelques kilomètres de là, l’Italie fasciste jalouse son allié allemand et veut prouver qu’elle peut, elle aussi, connaître des victoires militaires. La jeune nation grecque semble être la victime idéale pour assouvir les ambitions militaires de Mussolini. Alors le soir du 28 octobre, après une petite sauterie à l’ambassade allemande en Grèce (ça ne s’invente pas), l’ambassadeur italien annonce l’ultimatum : soit la Grèce laisse l’Italie occuper le territoire grec, soit elle lui déclare la guerre. La réponse ? NON ! (Όχι, pour ceux du fond de la classe). Pourtant, Metaxás entretient d’excellentes relations avec l’Allemagne nazie. Sa proximité idéologique avec Hitler lui a même permis de signer des accords commerciaux l’année précédente… 

Ioannis Metaxás (deuxième en partant de la gauche), en douteuse compagnie. 

Mais Mussolini, sans en avertir Hitler, a dans l’idée de reconstruire l’Empire Romain, dont la Grèce ferait, bien sûr, partie. Ça tombe mal, Metaxas se prépare depuis 1936 à un conflit armé le long de sa frontière Nord, initialement pour se protéger d’une éventuelle attaque de la Bulgarie. Malgré leur infériorité numérique (16 divisions grecques contre 27 divisions italiennes) et matérielle, les Grecs montrent une détermination et un courage sans faille qui fera l’admiration de Churchill lui même qui aurait déclaré “Hence, we will not say that Greeks fight like heros but that heros fight like Greeks” (Désormais, nous ne dirons pas que les Grecs combattent comme des héros mais que les héros combattent comme des Grecs). En quelques mois, ils parviennent à faire reculer les troupes italiennes jusqu’en Albalnie. En avril, Mussolini doit demander l’aide d’Hitler qui envoie ses troupes et écrase la rébellion grecque. 

Tout ça pour ça ? Bien au contraire ! Tout d’abord la victoire grecque contre l’Italie a été la toute première des Alliés, suscitant un espoir nouveau chez tous les peuples s’opposant au nazisme. De plus, c’est le début de la fin pour Mussolini qui sort du conflit humilié. Les historiens considèrent aussi que cet acte de bravoure a eu une influence certaine sur la décision des Américains d’entrer en guerre. Enfin, en obligeant l’Allemagne à venir prêter main forte à son allié, la Grèce a retardé l’invasion allemande de l’Union Soviétique, l’opération Barbarossa, celle-ci se déroulant alors dans des conditions climatiques bien moins favorable. Bref, une belle leçon qui prouve qu’un Non vaut mieux que deux tu l’auras. 

Depuis, chaque 28 octobre a lieu un défilé militaire ainsi qu’un défilé des écoliers et étudiants. Traditionnellement, c’est le ou la premier.e de la classe qui porte le drapeau, en tête de cortège. Cette implication des enfants, dans un pays qui porte encore les séquelles de tant d’années de dictature, suscite beaucoup de critiques. Elles sont assez bien résumées sur ce dessin (dont je n’ai pu retrouvé l’auteur.e…) : 

La traduction :
“Et n’oubliez pas qu’aujourd’hui nous célébrons la liberté !! Celui qui ne participe pas à la parade sera éliminé.”

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