Les fleurs du bien

L’olivier a la floraison modeste. Chaque mois de mai, de petites fleurs blanches parsèment discrètement les branches de nos arbres. Elles n’ont pas d’odeur et ne tiennent pas plus d’une semaine. À peine avez-vous le temps de sortir votre appareil photo qu’elle se fanent, jaunissent et disparaissent pour laisser la place au véritable protagoniste, le fruit.

Mieux qu’un cours de sciences naturelles, revenons ensemble sur cette étape cruciale du cycle de l’olivier. 

Comme tous les arbres fruitiers, sa fleur se transforme en fruit grâce à l’échange entre les organes femelles, le pistil, et les organes mâles, les étamines. Cet échange est appelé pollinisation. 

La plupart du temps, elle est opérée par les abeilles (que l’on embrasse au passage) : c’est le cas de tous les arbres mellifères, les arbres butinés pour produire le miel. Mais l’olivier aime se distinguer et préfère compter sur le vent pour assurer l’échange. 

D’ordinaire*, le mois de mai n’est pas particulièrement venteux. Contrairement aux terribles mois de juillet et d’août où le Meltemi, le vent du Nord, souffle volontiers à plus de 50 kilomètres par heure jusqu’à faire s’envoler les petites filles, en mai, ce sont les chapeaux de paille qu’il se contente de faire voler. Et c’est tant mieux ! Venus des quatre points cardinaux, ces vents font frissonner les branches juste ce qu’il faut pour que le pollen s’échappe et féconde l’ovule qui se trouvent dans le pistil. Les tissus de l’ovaire vont former la chair de l’olive et l’ovule devient le noyau. 

L’olivier, comme la vigne, est hermaphrodite : il possède à la fois des organes mâles et femelles qui lui permettent de s’autopoliniser. Pratique non ?

Chez les arbres fruitiers, la floraison est une saison émouvante et inquiétante. Émouvante car elle est annonciatrice de l’arrivée des fruits : La quantité de fleurs sur l’arbre présage de la quantité d’olives qui pourront être récoltées. Mais c’est aussi un moment d’inquiétude pour les producteurs et productrices. Une intempérie, une forte chaleur ou au contraire un coup de froid peuvent faire tomber les fragiles fleurs et réduire tout espoir de récolte. Au moins, aucune chance dans ces contrées méridionales de subir le risque du gel qui a cette année fait des ravages dans les vignobles français. 

Illustration tirée du guide médicinal de l’allemand Franz Eugen Köhler publié en 1887. 

Au risque d’être un peu fleur bleue, je vous encourage à profiter de cette période d’épanouissement des arbres pour vous balader dans la nature et vous émerveiller de la beauté du monde !

* Ordinaire n’est pas coutume ! Cette année, une véritable tempête s’est abattue sur l’est de Crète au point de faire tomber un poteau électrique et de laisser la moitié de Zakros (et d’Adravasti) sans réseau ni télévision pendant 3 jours début mai. 
VOIR TOUS LES ARTICLES