L’arbre et la manière

La taille des oliviers s’effectue au mois de février, une fois les arbres récoltés et avant leur floraison. C’est une étape cruciale, technique et qui peut, mal réalisée, avoir des conséquences lourdes sur la quantité d’olives obtenue la saison suivante. En Crète, de nombreuses familles la confient à un spécialiste plutôt que de s’y coller eux-même. Ces maîtres de la taille vous en parlent avec un certain lyrisme sans toujours maitriser l’explication savante liée à l’art de la taille. Un peu comme nos « méthodes de grand-mère », cette expression aux accents légèrement misogynes, pour qualifier un remède efficace prescrit sans compréhension de l’origine de cette efficacité. Je parlais justement avec un pépiniériste Français qui m’affirmait qu’entre un.e novice qui a potassé toute la théorie et un local qui s’appuie sur un savoir empirique et ancestral, il faut toujours faire confiance au second. Si vous lui demandez pourquoi il coupe cette branche et non celle-ci, son explication sera peut-être farfelue, mais le résultat sera, lui, d’une fiabilité déconcertante.

Comme je sais que, comme moi, vous aimez creuser le pourquoi du comment, je vais – malgré cet éloge de l’expérience sur le théorique – vous en dire un peu plus sur l’art subtil de la taille des olivier.

Plusieurs règles tiennent du bon sens : Couper les branches sèches qui ne produisent plus, celles trop hautes que l’on ne pourra récolter ainsi que les rameaux sauvages qui partent du tronc. D’autres en revanches, méritent qu’on s’y attarde. 

L’enjeu d’ensoleillement

Chaque côté de l’arbre ne bénéficie pas du soleil également. La partie Sud de l’arbre sera taillée plus basse pour permettre à la partie Nord à l’orientation moins généreuse d’avoir du soleil. Bien sûr, tout cela se complique sur les terrains en pente. En comme ceux-ci constituent l’immense majorité des terrains, il faudra adapter la taille à chaque parcelle en fonction de son orientation. Le centre de l’arbre, lui, est taillée pour que les rayons du soleil puissent s’y engouffrer. En Italie, on dit qu’un oiseau doit pouvoir voler entre les branches sans se frotter les ailes. 

L’enjeu de récolte

Pour faciliter le travail des valeureux perchistes et ne pas leur imposer trop d’acrobaties, l’objectif est de n’obtenir des fruits que sur les branches extérieures de l’arbre et non pas sur celles uniquement accessibles de l’intérieur. On coupe donc toutes les branches fructifères qui se dirigent vers le centre de l’arbre. 

L’enjeu de productivité de l’arbre

Certaines branches sont fructifères (donneront des fruits), tandis que d’autres sont charpentières (les bifurcations du tronc qui ne donnent pas directement des fruits). Quand on taille, on doit avoir en tête le parcours de la sève et optimiser son flux. C’est pourquoi on coupe les « gourmands », ces grand rameaux verticaux lisses qui partent des branches charpentières : ces jeunes pousses sont avides de sève et privent donc les branches fructifères du précieux nectar de vie. 

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