Confiné.e.s dans l’huile – Épisode 7 (Partie 2)

Pour ce deuxième chapitre de notre mini-série consacrée au mariage grec, on s’intéresse à deux divinités habituellement appelées déesse ou dieu du mariage. 

Pour rester dans le thème je vous proposerai une recommandation culturelle, enfin…, disons une recommandation tout court !

Mariage et mythologie

La mariage est un thème récurrent de la mythologie grecque. Plus volontiers comme prétexte pour une guerre, on pense à celui d’Hélène et Paris, que pour pour vanter la félicité de la vie maritale d’ailleurs. Les Grecs anciens différencient le mariage de l’amour, de la sexualité et même de la famille*. Chez les Dieux, nul besoin de sentiments, le mariage vous sera généralement imposé, le plus souvent par Zeus lui même. C’est ce qui arrive par exemple à Aphrodite et Héphaïstos ou Perséphone et Hadès. Parfois, il est le fruit d’une malédiction comme pour Jocaste et Oedipe. Bref, loin très loin du “il se marièrent et eurent beaucoup d’enfants“. 

Deux divinités portent plus spécifiquement en elles la symbolique du mariage. 

Mariage de Zeus et d’Héra sur le mont Ida, Pompéi

Héra (Hρα)représente l’union conjugale en opposition à la maternité. D’ailleurs, l’épouse de Zeus n’est guère féconde : ses enfants sont des divinités mineures (Hébé) ou en conflit avec elle (Héphaïstos). C’est avec d’autres épouses (Létô, Maïa, Dioné, Sémélé…) ou seul (pour Athéna) que Zeus engendre les grandes divinités. 
Héra tente, souvent en vain, de défendre les intérêts de ses enfants légitimes. Mais ce souci s’exprime bien plus dans son acharnement pour les enfants adultérins que par sa sollicitude pour ses propres enfants. D’ailleurs, quand elle met au monde Héphaïstos, fâchée d’avoir enfanté un être boiteux, elle le lance du haut du ciel ! Dans la mythologie, l’épouse et la mère ne se trouvent pas dans la même personne… 

Il est très intéressant de noter que Héra a connu un retour de grâce au XIXème puis XXème siècle en Grèce sous l’influence de l’Église orthodoxe. Loin de la débauche Zeus, de l’infidèle Aphrodite, des amours homosexuels d’Apollon ou de l’indépendante et rebelle Athéna, Héra, elle, remplit tous les critères de la parfaite épouse chrétienne. l’Église orthodoxe, qui je le rappelle a été à l’origine de la guerre d’indépendance de 1821 et qui exerce toujours une influence majeure en Grèce, décide habilement de s’emparer de cette figure pour prôner un ordre social normé et conservateur. Difficile dans ce pays toujours ramené à son antiquité illustre de s’affranchir tout à fait de ses mythologies. Alors un travail de réécriture se met à l’oeuvre. Jusque dans les années 1960, les jeunes enfants Grecs apprennent par exemple à l’école qu’Héra est la mère d’Athéna. Ainsi, la déesse amère et malveillante décrite par Ovide ou Homère devient la mère aimante de la protectrice de la capitale. 

Je vous déclare unis par les liens du mariage…. 
Détail d’une céramique, Grèce, Vème siècle avant J

Hymen (Ὑμέναιος), lui, est une divinité qui apparait bien plus tard et c’est les Romains qui feront de lui le Dieu du mariage. Appelé Hyménaios chez les Grecs, on le découvre chez Homère et Hésiode mais il désigne le chant nuptial qui accompagne la future mariée vers la demeure de son époux. C’est Euripide qui, le premier, invoque Hyménaios en tant que divinité. 

Une des légendes tardives les plus célèbres est celle qui l’oppose aux pirates. Ce fils de Caliope et d’Apollon est si beau qu’il est souvent pris pour une femme, ce qui n’empêche pas ce jeune Athénien d’être ignoré par l’élue de son coeur. Pour s’approcher d’elle, il se déguise en vieille femme et se glisse parmi le groupe d’amies. Elles sont justement sur le départ pour se rendre à Éleusis pour sacrifier à Démeter**. Mais à cet instant, des pirates les font prisonnières et prennent avec elles notre malchanceux Hyménaios***. Celui-ci va profiter de ces circonstances malheureuses pour prouver sa valeur. Il attend la nuit et, à lui seul, tue les pirates. Il rentre alors à Athènes et promet de rendre les jeunes filles à condition qu’on lui donne en mariage celle qui l’aime. 

* Une situation similaire à la notre donc
 ** les lecteurs et lectrices les plus appliqué.e.s remarqueront que les newsletter se répondent entre elles 
  *** qui aurait déclaré « je suis pas venu ici pour souffrir ok? »

Rubrique 7ème art : Mariage à la grecque

On commencera par dire que le titre original de ce chef d’oeuvre est beaucoup plus explicite : my big fat greek wedding.

Au cas où quelqu’un aurait l’espoir qu’on éviterait les clichés, la fameuse police de caractères “grecque” de l’affiche permet éviter toute confusion. On utilise le sigma, le “s” grec, comme un “e” ? Peu importe, nous sommes à Hollywood !

Mais avec le bon état d’esprit (avec du vin donc), on saura apprécier quelques répliques cultes et se dire que finalement, notre famille est vraiment super. 

Avec un budget de 5 millions de dollars, le film a rapporté près de 370 millions, dont 90% sont attribués par moi-même à la diaspora grecque que l’on sait nombreuse et nostalgique !

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